Avant de parler de la revue, pouvez-vous nous parler un peu de vous?
Qui suis-je ? Cette question me trouble toujours. Pas parce que je ne me connais pas, mais parce qu’il est parfois difficile de se définir dans un pays qui nous pousse à nous perdre. Je n’aime pas parler de moi, ou du moins, encore plus. Je peux seulement dire que je suis cet enfant qui a grandi dans un monde où tout semblait hostile : les rêves y étaient étouffés, l’amour était un luxe aimer m’était interdit et l’enfance... un privilège que je n’avais pas comme tous les enfants. Vous savez, même aujourd’hui, ces nuages pensent qu’ils peuvent me ralentir. Ils se présentent sous d’autres formes, mais ce sont toujours les mêmes. Les mêmes, au point de faire mal à ceux qui n’ont pas mon talent pour la poésie. Cela leur fait mal d’entendre qu’on m’appelle poète ou que je suis l’une des meilleures plumes de cette génération. Cela leur fait mal parce qu’ils n’ont pas ma fougue, mon endurance ou ma volonté d’avancer malgré la tempête, ni mon courage à esquiver les flèches destinées à briser cette vie si fragile qui est la mienne. Ce qu’ils ne savent pas, comme Samwell l’a si bien dit à Jon, dans un contexte moins mauvais, dans la série Game of Thrones : « Bientôt, il y aura des flèches pour tout le monde. » Une petite anecdote pour finir avec cette question. Vous savez, parfois, je m’allonge dans ma chambre, les yeux rivés sur le plafond ou regardant par la fenêtre, à me demander : qu’est-ce que ça fait d’être appelé poète ou quoi que ce soit d’autre ? Les réponses ne viennent jamais ou du moins qu’elles sont toujours nulles. Alors, parler de moi, c’est comme ouvrir une porte sur un mystère que je préfère laisser fermé. Tout ce que je peux dire, c’est que je suis celui qui a appris à avancer malgré tout, à transformer ces nuages en mots, en poésie.














































































