
Lieu d’origine
« Je viens de Carrefour-Feuilles, c’est la première chose à retenir », précise-t-il d’emblée, comme pour rappeler l’importance de ce quartier de nos jours dévasté par la fureur des gangs, mais qui durant des années lui a servi de lieu d’ancrage, et de lieu de racine dans sa construction personnelle. Troisième d’une famille chrétienne de cinq enfants, il découvre l’écriture en 2018, une rencontre qu’il qualifie de fondatrice : « J’ai été un enfant solitaire, un ado effacé… » «être amoureux des mots des autres m’a conduit à chercher les miens. » nous confia t-il.
Depuis cette rencontre avec la poésie, Jephte a publié trois recueils : Bretèl Solèy, Ce que l’ange confie aux étoiles, et Naufrage, parus entre 2021 et 2024. Il a également participé à l’anthologie Chambres dirigée par Lyonel Trouillot et Marie Bénédicte Loze. Sa plume sensible et authentique lui a déjà valu plusieurs distinctions, dont une mention en poésie au concours Chansons sans Frontières et une place parmi les lauréats du concours Mon histoire en mille mots.
Mais c’est en 2025 que son talent éclate au grand jour. Lauréat du prix Amaranthe de la poésie, vainqueur du premier concours organisé par le Salon du Livre de Port-au-Prince, deuxième du prix Evelyne Trouillot, et finaliste du prestigieux prix international de Balisaille , Jephte connaît une année exceptionnelle. « L’année dernière à pareille date, je ne pensais pas autant aux prix. Mais un ami poète, Daryl Lorenzo Moïse, m’a encouragé à participer à tous les concours possibles. J’ai essayé de les préparer au mieux… et ça a marché. »
Pour autant, le jeune poète garde les pieds sur terre et se dit avoir encore de nombreux chemin à parcourir. « Ça me procure une grande joie et un brin de fierté, mais je demeure loin de là où je veux vraiment être. » Une lucidité qui se reflète dans son regard sur l’édition haïtienne : « Elle est en stagnation. Il manque d’expertise, et les problèmes d’impression persistent. Mon premier livre était autoédité, pour les deux autres j’ai été accompagné, mais j’ai parfois l’impression que j’aurais dû attendre. »